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Le réseau Kandjar
29 octobre 2006

Roman: lesprinces d'arcadia Chapitre 8

Chapitre 8

La marche des brumes

Luellala, Ithilya et Bunny avaient chevauché toute la matinée après avoir quitté le château royal d’Artagnac. Ayant passé la citadelle d’Abrannac, la compagnie avait alors traversé la plaine désertique en direction de la cité de Feu Bathor.

Les trois femmes s'interrogeaient beaucoup quant à ce qu’elles allaient trouver là-haut dans les brumes, face aux légendes concernant Taciturnus. Cela avait occupé leurs esprits la majeure partie du voyage, il était à peu près 13 heures lorsqu’elles arrivèrent à proximité de la (cité Eons). Elles en profitèrent pour prendre un peu de repos avant de reprendre la route.

Bunny connaissait bien la cité et elle mena ses compagnes de voyage jusqu'à une auberge. La route avait été longue, il était temps pour elles de se restaurer.

Lothringen arriva à la lourde porte de la citadelle. A sa vue, les gardes furent impressionnés : tous s’attendaient à voir arriver l’intendant, mais ils ne pensaient pas qu’il serait en armure.

Celle-ci était sombre, magnifiquement ornée.

- « Regarde, c’est de l’écaille de dragon! » , souffla un garde en voyant passer devant lui le comte de Lothringen.

L’armure donnait à l’intendant une fière allure, une allure mystique de guerrier d’autrefois, du temps des nombreuses légendes , du temps de la guerre contre le nécromancien Taciturnus.

- « Mes hommages, monseigneur ! Nous sommes honorés de votre présence. Je me nomme Yumeni, commandant en second des généraux Axaphat et Oliterre. En leur absence, c’est moi qui gère la citadelle. »

      - « Plus maintenant ! Montrez-moi mes quartiers ! »

      - « Vous ne voulez pas que je vous présente ? »

      - « Tous me connaissent ici ! Si ce n’est pas le cas, ils l’apprendront à leurs dépends ! »

A ces mots, Yumeni frissonna. Il n’arrivait pas à regarder l’intendant dans les yeux, ni ne pouvait fixer son médaillon.

Ce médaillon semblait pénétrer son regard, aspirer son âme ... Yumeni se sentait étrange, comme si sa volonté disparaissait au fur et à mesure qu’il fixait le pendentif.

Il ne vit pas  Lothringen coiffer un masque par-dessus son casque.

- « Je suis à vos ordres, Maître, » déclara soudainement Yumeni.

Lothringen se mit à psamoldier des paroles incompréhensibles. Tous étaient comme hypnotisés par le charisme soudain de l’intendant...

Le ciel s’assombrit.

- « Soit mon berger ! Mène à moi mes troupeaux ! Je t’attends. C’est un ordre ! »

Larme, au même instant, fut surprise du changement soudain de Kandjar qui, le regard vide, quitta la pièce et le château. Alors qu'il enfourchait sa monture et partait en direction de  l’ouest, elle eut l’impression soudaine que les brumes le suivaient, telles des troupes suivant leur général.

Elle hurla de peur lorsque des squelettes en émergèrent ! Sulanuth accourut, mais se trouva aussitôt ébêté et pantois en découvrant le spectacle de leur ami et de sa suite macabre...

- « Mon Dieu ! » dit-il.

- « Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Larme, se blottissant contre Sul.

- « Je comprends mieux pourquoi Kandjar allait seul aux entretiens avec le maître... Si nous y étions allés nous aussi, nous serions à présent comme lui... »

- « Où va-t-il ? »

- « Je ne sais pas Larme, je ne sais pas. Mais une chose est sûre, nous ferions mieux de ne pas rester ici.  Nous partirons demain. »

Les trois voyageuses durent brusquement interrompre leur repas : dehors la foule était paniquée.  Ithilya sortit : la population courrait dans tous les sens, effrennée....

- « Que se passe -t-il ? »

- « Les brumes, Madame ! Les brumes ! Fuyez ! »

- « Les filles venez! , dit-elle à ses deux compagnes. »

Sortant difficilement de la ville, les trois voyageuses restèrent bouche bée devant le spectacle qui s'offrait à elles. Les brumes descendaient lentement de la montagne; au loin vers l’ouest, le ciel s’assombrissait; un vent chaud soufflait...

- « Seigneur Jésus ! » , jura Luellala.

- « Seigneur qui ?! » demanda Ithylia.

- « Rien… »

Bunny dévisagea l’inquisitrice, puis regardant Ithilya, demanda :

- « On retourne au château ? »

- « Faites ce que vous voulez, moi je continues, je veux en avoir le cœur net. Il s’est passé quelque chose là-haut ! »

- « Luellala a raison, même si je préfèrerais  retourner auprès de Zelda. »

- « L’un de vos amis a des problèmes », interrompit une voix derrière elles.

- « A qui parlez-vous, Monsieur ? » demanda Bunny.

- « A celle qui vient d’au-dessus... »

- « Hein?! De quoi parlez-vous ? » demanda Ithylia.

- « C’est de moi dont il parle » , coupa Luellala...  « Qui êtes-vous ? »

- « Je m’appelle Nathan. J’ai peut-être perdu la vue à ma naissance, mais je perçois certaines  choses qui sont bien au-delà de ce sens.... »

- « Lequel de mes amis est en danger ?! »

- « Le porteur de couteaux, celui qui vous a menée jusqu’à notre monde. »

- « Kandjar ? »

- « Mais! De qui parle-t-il ? » questionna Ithylia.

- « Je vous expliquerais cela plus tard! ». S'adressant de nouveau à l'inconnu : « Qu’est-il arrivé à Kandjar?! »

- « Son âme a été emprisonnée. Il est sous l'emprise d’une entité très ancienne! »

- « Et les autres ? Savez-vous où sont les autres ?Oh! Dites-moi qu'ils vont bien! »

- « Je ne sais pas, je ne vois que lui, guidant les créatures des ténèbres… »

L’homme laissa l’inquisitrice abasourdie, en proie à de sombres pensées, tandis que Bunny et Ithylia la dévisageaient.

- « Je crois que vous avez des choses à nous dire. »

Luellala acquiesça.

Elles retournèrent alors à l'intérieur de l’auberge où elles s’assirent afin d'écouter le récit de l’Inquisitrice.

Celle-ci se mit à leur conter sa vie à Rouen, le site internet où tous s’étaient rencontrés : elle, Touramès, Larme, Sulanuth, Kandjar, Maelle, Nyu, et enfin, Wynn... L'amitié qu'ils avaient tissée et l’expédition organisée par Kandjar dans le pays Cathare; la découverte d’une grotte, puis l’explosion, dehors ...  comme si la montagne s'effondrait derrière eux.

Puis... l’avancée dans le noir, et la chute, enfin. Une chute interminable pour se réveiller en Arcadia, terre inconnue, où, à peine arrivés, ils furent attaqués pas les troupes d’Axaphat, voyant ainsi tomber Touramès, mort. Alors, pour fuir, ajoutant une pierre à l'édifice de leurs effroyables tourments, ils durent se séparer...

Ithylia fut horrifiée d’apprendre le meurtre de leur ami Touramès par les troupes royales.

Elle comprit alors que tous étaient arrivés lors du renversement de pouvoir en faveur de Zelda.

Bunny, elle, en déduisit que ses amis disparus avaient dû être faits prisonniers par Axaphat ou par Loup Gris.

L’inquisitrice leur raconta même ses efforts pour les retrouver, jusqu'à ce que Wynn, Nyu et elle-même furent introduits à la cour de Zelda et intégrèrent  la vie du château.

Luellala se sentit comme une enfant qui venait d’avouer une bêtise longuement dissimulée, mais Ithylia la regarda en souriant, puis la prit dans ses bras.

- « On va retrouver tes amis ma sœur ! »

Alors, oubliant pour un instant son statut d'Inquisitrice royale, Luellala fondit en larmes, Bunny essayant de la réconforter en lui tapotant tendrement l’épaule.

- « Ce n’est pas tout Ithylia… »

- « Qu’y-a-t-il ? »

- « Je crois bien que mes amis disparus sont les assassins que je recherche. »

- « Nous l’avions compris », ajouta Bunny. « Mais comme l'a dit l’homme de tout à l’heure, l'un d'eux est visiblement sous l’emprise d’un démon, ou d’autre chose de maléfique…

Oliterre pressait ses hommes :  Klingsor fraîchement libérée, et ayant pris un peu de repos, ils repartaient pour Abrannac. Le brouillard était tombé, et Axaphat pestait contre « cette satanée purée de poix »! Mais, malgré ça, Oliterre savait que les révélations de Loup Gris avaient sérieusement inquiété le général.

- « Ce brouillard ne me dit rien qui vaille, c'est tellement...oppressant... » frissonna Fenix.

- « J’ai encore l’impression d’entendre Loup Gris », pesta le Général.

- « Les hommes sont inquiets », ajouta Loup.

- « Et le lieutenant, comment va-t-il ? » demanda Axaphat.

- « Il est encore allité dans le chariot, il se remet de ses blessures », déclara Xyfray. « Cet Adim a la peau dure, et c'est une sacrée tête brûlée ! »

- « Affronter seul les troupes ennemis, pour une femme, je ne sais si c’est de la bravoure ou de la stupidité ! »

- « D’autant plus que cela a coûté la vie à un garde »,ajouta Loup.

- « Oui, peut-être mais... j’aurais préféré qu’il fusse tué, on ne sait pas s'il a parlé à l’ennemi... », répondit froidement Axaphat.

- « C’est d’un brave dont vous parlez! », enchaîna Fénix, « affronter ces barbares, j’appellerai cela un exploit, et même de l'héroïsme! »

- « Moi, ce que j’appelle un exploit, c’est un homme qui vous parle alors qu’il a été décapité. Je suis inquiet, oui, car depuis que nous sommes partis, cette fichue brume s’est levée et… »

Axaphat s’interrompit, tous venaient de constater que les brumes avançaient : l’épais nuage était devant eux maintenant.  Filant vers l’ouest, personne ne pouvait en détacher les yeux.... Le Général laissa paraître sa peur pour la première fois face ses hommes quand un visage se forma dans le nuage. Un visage que tous connaissaient :  celui de Loup Gris s’adressant à Axaphat :

- “Ca t’ épate, hein! Axaphat ?!…”

Puis la brume s'éloigna enfin, continuant sa progression vers les plaines des Nystrium.

Zelda regardait par la fenêtre le ciel s’assombrir. Wynn et Alleeva étaient à ses côtés.

Elle scrutait les nuages qui s’étaient formés soudainement. Au loin elle percevait Abrannay, comme si la citadelle était le centre de ce phénomène. Les éclairs au loin donnaient un aspect apocalyptique à ce paysage.

Zelda serrait fortement la main de son ministre, comme pour se rassurer, mais Wynn lui,cachait son inquiétude, tout comme Alleeva.

Nyu interrompit leur contemplation,  faisant irruption dans la pièce.

- « Venez vite ! Ambre est en transe, je ne sais plus quoi faire ! »

Tous les quatres courrurent jusqu’au dispensaire.

- « Il est là, il est là, il est là !! » répétait-elle.

- « Qui est là ?! » demanda Nyu.

- « Le mal absolu… »

Zelda prit la main de l’oracle. Elle était brûlante.

- « Parle-moi, Ambre! C’est moi, ta reine ! Zelda... »

- « Le mal absolu!! », hurlait-elle à pleins poumons.

Elle s’assit brusquement sur le lit. Tous furent terrorrisés d'entendre alors Ambre parler avec une voix grave d’homme.

- « Tu veux savoir qui je suis, Zelda ? Ton pantin de Wynn m’appelle Satan dans son monde, mais ici j’ai un autre nom, celui que tu craignais tant  quand tu était petite... »

- « Ta..Taa..Taciturnus ?! » gémit la reine.

- « Bravo ! Et tu sais ce que je veux ?! »

- « N…Non !? »

- « Reprendre mes droits sur mes terres, bien sûr! ton imbécile de conseiller m’a permis de renaître en prenant possession de son corps, et en l’envoyant à la citadelle, je peux enfin  recréer mon armée d’Antan! Tu vas mourir Zelda! Ici c’est MON royaume, le royaume des morts... C’est l’Enfer, Wynn ! Je t’enverrai mon bras droit, tu le connais bien, c’est lui qui vous a menés ici! »

- « Kandjar ?!! »

- « Oui! mon berseker préféré, un écorché vif, un homme sans âme, avec les nerfs à fleur de peau! Mes troupes l’ont formé, c’est un tueur né ! ...Au fait, tu as parlé à  Zelda de ta vie d’au-dessus ?! »

Zelda dévisagea soudainement Wynn, le ricanement diabolique de Taciturnus lui fit froid dans le dos. Ambre s’évanouit de nouveau.

- « De quoi parle-t-il Wynn ?! »

Et ainsi, dans le dispensaire, Wynn et Nyu racontèrent tout à la reine, Alleeva à leur côté écoutant religieusement leurs histoires.

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